La prise de parole en public ou devant les médias, c’est un message, l’émotion qu’il dégage et l’image qui contribue à le faire passer
Il est de plus en plus courant que toute personne, que ce soit dans la vie professionnelle ou en d’autres circonstances, soit amenée à devoir prendre la parole, devant un public (discours, conférence, débat) ou devant les médias (interview, conférence de presse, réseaux sociaux). Inutile de dire que tout le monde ne fait pas ça de gaieté de cœur. Soyons réalistes : si certaines et certains n’aiment pas prendre la parole, c’est surtout parce qu’ils ou elles ne savent pas comment s’y prendre. Alors que ça s’apprend.
La prise de parole vise à communiquer un message. L’enjeu principal est de s’assurer qu’il y a bel et bien un message ou quelques messages (mais de toute façon quelques-uns seulement) et que ce ou ces messages soient perçus, ce qui nécessite qu’ils soient transmis de manière claire, compréhensible et mémorable pour celles et ceux qui l’écoutent. Un message difficile à identifier, un message ou une série de messages touffus ou flous, trop compliqués ou vagues, peuvent créer des malentendus et vont immanquablement souffrir d’une perte d’intérêt de la part de l’auditoire.
Ecrire, bien écrire, fait partie de la formation de presque tout le monde. Parler, bien parler ne fait pas partie de la formation de presque tout le monde. C’est dommage parce que, cela se vérifie tous les jours, la communication orale est devenue une exigence dans bien des métiers et dans bien des circonstances. Et le public auquel elle s’adresse est en droit de s’attendre à un discours clair, intéressant et bien structuré. Voilà pour la dimension intellectuelle. Mais devant un public ou devant les médias, deux autres exigences s’imposent, la dimension émotionnelle et l’image que l’on donne.
Commençons par la dimension émotionnelle. Pour qu’un discours soit suivi et si possible retenu, il faut qu’il ait un intérêt humain. Dans son contenu, mais aussi dans sa forme. Cela implique pour l’auteur de ce discours que sur le fond son texte ait une importante dimension humaine, mais pas seulement : le choix des mots est tout aussi lui stratégique. Il y a des mots dont la charge émotionnelle est élevée (tout ce qui concerne la personne) et … d’autres (le jargon, l’abstraction). Il faut jouer sur ce tableau. Contrairement à ce que l’on croit, produire un discours dont l’intérêt humain est élevé ne nuit en rien à la perception de son contenu, même s’il est technique.
L’image, c’est une antienne, est devenue un atout incontournable, mais pour celles et ceux qui la gèrent mal ou pas du tout, elle peut fonctionner comme un boomerang. On peut même dire qu’il vaut mieux ne rien communiquer que communiquer mal. Celui ou celle qui parle en public, dans une réunion, dans un débat ou lors d’une interview ou d’une conférence de presse, fait passer un message qui inclut ce qu’il ou elle dit, mais aussi la manière dont ce message passe. On peut même aller plus loin : le message, c’est partiellement au moins la personne qui parle. Il est loin le temps où les Beatles jouaient et chantaient sur un podium, raides comme des piquets. Aujourd’hui, n’importe quel rappeur se met en scène. C’est entre ces deux extrêmes que se situe aujourd’hui la bonne communication orale. Toutefois, chacune, chacun peut comprendre que le poids accordé à la mise en scène est fonction du sujet que l’on traite et du message que l’on entend faire passer. Un philosophe ne va pas courir d’un côté à l’autre de la scène comme le fait Angèle. Un élu par contre peut confortablement s’inspirer de la manière dont Barrack Obama travaillait avec ses prompteurs en donnant à celles et ceux qui l’écoutaient l’impression qu’ils ou elles étaient directement en contact avec lui alors qu’il se tenait à une distance respectable et ne bougeait quasiment pas.
Pourquoi parler en public ou devant les médias ? Pour communiquer avec un public, pour l’informer, l’influencer, le pousser à agir ou à changer d’avis. L’enjeu est donc important et cette importance fait que pour de nombreuses personnes prendre la parole est une source de stress et d’anxiété. C’est une dépense inutile d’énergie. Par contre, avoir le trac, c’est-à-dire s’inquiéter de la manière dont on va procéder, est une chose parfaitement normale et, tout comme les grands acteurs, les grands orateurs admettent que même après des années de pratique ils ont toujours le trac.
Il ne faut pas nécessairement lutter contre le trac. Certaines et certains y sont plus sensibles que d’autres. Le meilleur traitement préventif est une préparation soigneuse dont le but est de développer la sérénité et la confiance en soi nécessaires pour s’exprimer avec assurance devant un public, ce qui peut avoir un impact positif sur d’autres aspects de la vie professionnelle et personnelle. Une prise de parole réussie, un débat ou une interview réussis sont de nature à renforcer la crédibilité d’un individu ou d’une organisation. En revanche, une mauvaise prestation aura l’effet inverse. Inutile de le nier, parler en public, participer à un débat dans un studio de télévision ou publier une prise de position sur les réseaux sociaux procèdent d’une bonne gestion de la crédibilité et de la réputation de celles et ceux qui en sont les auteurs ainsi que de leur entreprise ou leur organisation.
Les dirigeants et les leaders d’opinion doivent souvent prendre la parole en public, dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Là, les enjeux sont plus importants encore car il s’agit de créer ou de maintenir la confiance des collaborateurs et de les mobiliser vers des objectifs communs. Dans nos pays, la prise de parole en public et dans les médias par les leaders d’opinion est un des piliers du système social et même de la démocratie parce que cela procède de la transparence, de l’engagement citoyen et de la responsabilité des élues et des élus.
La prise de parole en public, les interventions dans les médias et sur les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle crucial dans la résolution de conflits. C’est même une des situations les plus courantes : on ne compte pas les interviews, les conférences de presse et les prises de parole dont le but est faire valoir son avis, de rectifier la manière dont il a été présenté par d’autres, de favoriser la compréhension mutuelle et de trouver des solutions acceptables pour toutes les parties. Enfin, n’oublions pas que la communication est un instrument susceptible de promouvoir la diversité, l’inclusion et l’égalité. Les minorités, les groupes marginalisés peuvent accéder à la communication et faire valoir leur existence en parlant en public, en répondant aux questions des journalistes, en rectifiant le tir ou atténuant une controverse sur les réseaux sociaux.
En guise de conclusion, pour parler en public, participer à un débat et s’exprimer dans les médias:
- il faut un message. Ou quelques-uns. Mais pas beaucoup. Il faut pouvoir résumer son intervention en une phrase. Ou maximum deux. Et il ne faut pas craindre de répéter son message ;
- il faut tout mettre en œuvre pour que ce message passe. Ce qui implique une bonne structuration du discours, un intérêt humain, une certaine charge émotionnelle et … sa répétition !
- c’est tout. Il faut pouvoir s’arrêter. Il ne faut surtout pas en faire trop. Et il faut se garder de sortir du cadre que l’on s’est fixé. L’improvisation est réservée aux grands orateurs.
Informations sur la prochaine formation en Prise de parole en public
Jean Blavier
Fort d’une expérience de plus de 30 ans dans le journalisme (Agence Belga, La Libre, L’Echo, RTBF) et la communication (surtout financière), Jean Blavier a à son actif une centaine de media trainings et des dizaines de posts et de réactions sur LinkedIn.