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Deux bio-ingénieures qui utilisent l’art comme moyen de diffusion et vulgarisation des sciences, Carolina Levicek et Laura Matthys, nous parlent de leur amour des sciences, de l’art et de la communication ;

C : Je suis Carolina Levicek, j’ai 29 ans et je suis illustratrice scientifique : je travaille avec des auteurs qui sont chercheurs ou techniciennes et ensemble on réalise des supports illustrés pour pouvoir expliquer leurs sujets de prédilection.

L : Je suis Laura Matthys, je suis médiatrice scientifique, créatrice de concepts pédagogiques innovants et également comédienne en improvisation théâtrale. Et actuellement je mets en place avec l’IHECS Academy une formation en vulgarisation des sciences.

Pour vous vulgariser, c’est…  

C : C’est se mettre à la place de l’autre : aller à la rencontre de l’autre, utiliser son langage pour pouvoir lui expliquer quelque chose. Mon plus gros défi quand je vulgarise, c’est de définir la priorité des éléments : qu’est ce qui est vraiment important ? Souvent on s’engage dans des discours très détaillés et parfois on perd le focus du sujet principal, c’est ça la plus grosse difficulté pour moi.

L : Pour moi vulgariser c’est principalement deux choses : d’une part le fait de tirer l’essentiel de quelque chose de complexe pour le transmettre à quelqu’un qui n’est pas « pro » dans le sujet. Et donc trouver cet essentiel c’est résumer et trouver une autre manière de présenter les choses pour que cela puisse parler à tout le monde.

D’autre part, vulgariser c’est aussi rendre attractif : cela se fait parfois par la contextualisation de la recherche, soit par l’histoire des sciences, soit par des questions de société. Ce faisant, le public se sentira plus concerné par cette recherche. D’autres moyens sont bons aussi pour rendre les sciences attractives : c’est le cas de l’utilisation de l’art par exemple à des fins de vulgarisation, que ce soit le dessin, le théâtre, la création de supports vidéo, etc.

Mélanger art et sciences … 

C : Moi ça me permet déjà d’illustrer des choses qu’on ne peut pas forcément voir, c’est à dire des concepts, des réflexions, ou des choses très petites comme des cellules ou des atomes, ou à contrario des choses très grandes comme des planètes, un satellite, ou un arbre au milieu d’une forêt. Ça permet aussi de synthétiser l’information et de rassembler des choses qu’on ne voit pas dans une seule image : par exemple représenter le fruit avec sa feuille et le bourgeon, le tout sur une seule image.

 

Pour moi la science est un outil extraordinaire qui permet de se poser des questions, de trouver des réponses, de faire des choix, et donc pour pouvoir l’utiliser, il ne faut pas en avoir peur, et pour ça, mettre des dessins et de la couleur est un bon moyen pour que les gens viennent s’intéresser à ces sujets.

L : Ça va amener ce côté attractif, ce côté fun, que ce soit pour les enfants ou les adultes. Les sciences sont souvent perçues comme étant sérieuses, élitistes et compliquées, ce qui contribue à cette séparation entre les scientifiques et le reste de la société. Or l’art peut justement aider à casser cette image en y apportant un aspect plus agréable et émotionnel, et ressusciter l’intérêt du public.

« L’art peut amener un autre point de vue et par là-même, une meilleure compréhension des sciences. »

L: De plus, l’art peut amener un autre point de vue et par là-même, une meilleure compréhension des sciences. Aujourd’hui ces dernières sont très présentes dans la société que ce soit à propos du numérique, du changement climatique, de la santé, (Covid) etc. Ça concerne la société dans son ensemble et a donc un rôle à jouer sur la prise de décisions démocratiques. En cela, l’art est très utile pour décloisonner les domaines.

J’organise par ailleurs un spectacle pour les enfants sur la thématique de l’alimentation durable et plus précisément des légumes. Je souhaite susciter chez les enfants l’envie de manger des légumes autant qu’ils ont envie de manger des bonbons ! Comment ? en leur montrant que les légumes c’est coloré, qu’ils ont des belles histoires à raconter et donc c’est ce côté attractif que nous tentons de mettre en avant. Je m’entoure pour cela de 3 comédiens et comédiennes professionnelles qui m’accompagnent dans mon rôle de cuisinière scientifique au cours d’improvisations théâtrales autour des légumes. Les histoires que nous créons en temps réel pour les enfants nous permettent d’introduire de nombreux concepts scientifiques comme la pollution, la botanique, les circuits-courts, etc. On essaie de faire passer des valeurs de coopération, de solidarité et de créativité à travers ces histoires imaginaires.

 

« On essaie de faire passer des valeurs de coopération, de solidarité et de créativité à travers ces histoires imaginaires. »

Carolina et moi-même avons créé ensemble une brochure illustrée sur les légumes et les différents circuits de l’organisation alimentaire de notre société, brochure qui est distribuée aux enfants et aux enseignants après le spectacle.

Pour découvrir leur travail :